Texte de Franz Bartelt
Musique de F. Cotinaud © 2000
SUPPOSITIONS
[...]
Si nous étions pourchassés tout irait mieux. Il y aurait au moins une
vérité derrière nous.
La route nous semblerait moins inutile. Si nous étions talonnés par
le danger.
Si des monstres se pressaient dans notre sillage. Avec de grandes gueules d’ogre
ouvertes et des bouquets déployés de griffes. Si des soldats étaient
sur nos traces, de formidables malfaiteurs armés jusqu’aux dents et qui auraient
des ordres nous concernant. Si la terre menaçait de s’ouvrir.
Si les eaux rassemblées quelque part dans les hauteurs déversaient
d’un coup leur fatalité. Si la foudre nous entourait. Si nous étions
cernés par le feu. Si chaque brin d’herbe devenait un serpent gorgé
de poison. Si chaque pierre était un animal sécrétant du venin.
Si on ne pouvait plus marcher, plus s’asseoir, plus espérer.
Alors la vie aurait un sens et chaque seconde vaudrait des siècles.
[...]
Si le soleil se décrochait des travées
célestes et tombait au milieu de la mer et que le temps en soit rempli de
brumes et de nuit jusqu’à la fin des fins, jusqu’à la fin de nous qui
n’avons pas peur d’avoir peur.
Les textes de F.Bartelt sont issus des chroniques "Les Marcheurs", avec
l'autorisation de l'auteur.
Retour à la page des scores |