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LE CALLIGRAPHE DU VIDE

Textes d’André Velter
Musique de F. Cotinaud © 2001

Il est parti jouer à perte
sur l’échiquier des songes
qui ressemble comme une ombre
au théâtre du monde.

Il a suivi des yeux
le vol des oies sauvages
qui jamais ne se posent
au milieu du désert.

Il a tracé d’un doigt
des signes sur le sable
et le vent est venu
lui manger dans la main.

Il a jeté
autant de lettres au ciel
qu’il y a
de nuages en été.

Il a compté sur la magie des noms
pour inventer la route
de Tombouctou à Samarkand
ou de Ninive jusqu’au Guadalquivir.

Il a chanté les mots
de dessous la mémoire
qui donnent à la beauté
son aile toujours battante.

Il a semé de l’or et du sang
quand les filles ont dansé
à l’aplomb de la lune
dans leurs voiles déchirés.

Il a extrait le feu de la poussière
et surpris le sens sur la peau.
il a appris à lire l’azur au grand jour
et la ténèbre dans le noir.

Il a vécu d’un souffle
une danse sans fin
qui révélait soudain
l’alphabet de l’espace.

C’était festin de peu
comme empreinte effacée
d’une migration d’étoiles
en chaque atome du corps.

C’était de moins en moins
de pesée et de poids
une aube pour crépuscule
une source océane

un geste à l’horizon.




Ce texte d'A.Velter est extrait de 'La vie en dansant', éditions © Gallimard.

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