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plus complets
françois cotinaud
Rimbaud et son double
Musivi mjb
0121-13-14 (2cd + 1dvd)
Dist.
Les Allumés du jazz
François Cotinaud, Pascale Labbé, Pierre Charpy,
Mathilde Morières, Olivier Guichard, François Choiselet,
Jerôme Lefebvre, Sylvain Lemêtre
François Cotinaud a mis en place deux approches du texte de
Rimbaud. Avec une simplicité et une sûreté
admirables, sa diction comme celle de Pierre Charpy ne cherche pas
naïvement la musicalité du texte dans l’agencement
des phonèmes. Ils disent Rimbaud en acceptant ce que ses mots
portent de sens et d’impossibilités et en donnent un
équivalent musical et bruité qui ne traduit rien mais
transcrit quelque chose qui, sonorement, se fait en eux et dans le
studio, à la mesure du texte..
Lorsque le groupe de jazz Text’up met d’autres textes de
Rimbaud en musique, c’est une démarche tout à fait
différente qui pousse Pascale Labbé à plier au
langage une voix qui inclue des chants possibles. Là encore il
n’est pas question d’adapter une prothèse
mélodique sur le texte, mais de faire s’enlacer des textes
et une voix. Inutile de dire qu’on saute les noces pour entrer de
suite dans les scènes de la vie conjugale, les tracés
compliqués des rapports du chant et du texte.
Aucun des deux projets ne met en avant de psychologie, la musique ne
cherche pas à faire son bien des textes, les musiciens ne leur
surimposent jamais de sens (propre ou commun), on ne tente pas de
comprendre Rimbaud. Ces deux cds sont une leçon de lecture en
même temps que de musique. Les textes écrits en sortent
encore plus précieux et le personnage d’Arthur Rimbaud se
trouve libéré d’une part de son mythe par le
compagnonnage des musiciens.
Le coffret comprend également un livret qui reproduit tous les
textes et un dvd rassemblant « Illuminations sonores » (52
mn), très intéressant documentaire de Mathilde
Morières sur la conception et la réalisation des deux cds
(entretiens et filmage du travail) et « Rimbaud et son double
» (4 mn), fabuleuse création vidéo (je
pèse mes mots) d’Olivier Guichard à partir
d’un montage d’extraits des deux cds.
Une rencontre exemplaire entre musiciens, poésie, musique et
images.
JAZZOSPHERE
François Cotinaud s'illustre depuis
plusieurs
années par son travail autour de la musique et de la littérature. Avec
cet enregistrement, il rend hommage à quelques textes de Raymond
Queneau.
Le résultat est à la hauteur de la trajectoire indéfinie et
informelle empruntée par le poète.
Pascale Labbé prête sa voix autour d'une lecture originale et
personnelle
des poèmes de Queneau. Tout ceci laisse une place de choix aux
improvisations
des musiciens qui trouvent - par son entremise - une route certes non
balisée
mais sans nul doute ébauchée pour esquisser un jeu non régulé
et en pleine mouvance. Onomatopée, syllabes, bribes de mots, syntaxe
déstructurée
: autant d'éléments à mettre en lumière pour François
Cotinaud au saxophone, Pascale Labbé au chant, François Choiselat au
trombone, Jérôme Lefebvre à la guitare, Sylvain Lemêtre
aux percussions avec la participation de Serge Adam. Un déchiffrage
qui se joue des mots, de leur sens et qui défie les idées préconçues
car ne dit-on pas "Quand B fit l’amour avec A / Les paragraphes
s’embrasèrent
/ Les virgules s’avancèrent / Tendant leur cou par-dessus les ponts de
fer
/ Et l’alphabet blessé za mort / S’évanouit dans les bras d’une
interrogation
muette" (R.Queneau)
Sabine Moig
ECOUTER VOIR
Oh la belle rencontre que voilà ! Point de départ du projet du compositeur et saxophoniste François Cotinaud, mettre en musique des poèmes de Raymond Queneau, écrivain français majeur du XXème siècle, membre du Collège de Pataphysique, fondateur de l'Oulipo, mais aussi ses propres écrits ainsi que quelques textes de deux poètes champenois, André Velter et Dominique Pagnier. A l'arrivée, il s'agit plutôt d'une véritable création musicale où mélodies et textes sont étroitement mêlés. Comme les musiques, composées à partir d'improvisations, les mots sont délivrés du carcan du sens. Pour mieux en extirper toute la matière, le texte est complètement dynamité, comme dans Text'up, Epouvantails, et surtout Ydol Nabdous, dans lequel seul survit une suite "d'anagrammes et autres permutations sonores et ordonnées", proche des expérimentations de poètes lettristes tels Maurice Lemaître et Isidore Isou. Quelquefois, la mélodie devient plus évidente et se transforme en chanson désarticulée, tel ce jubilatoire Art Popo, dans lequel Pascale Labbé s'en donne à cœur voix.
Gérard Nicollet
MOUTON NOIR (Québec)
François Cotinaud travaille depuis 1996 à mettre en musique des textes de Raymond Queneau. Mais ils font déjà de la musique ! que j'me dis. M.Cotinaud a compris qu'il ne fallait pas usurper cette musique là, lui en coller une autre toute artificielle. Il aura préféré faire interagir des musiciens versatiles avec les mélodies de l'oralité heureuse et mathématique du fondateur de l'Oulipo. A partir de petits textes bien glanés dans des moments forts de la carrière de Queneau, Cotinaud fait de longues pièces sans s'égarer. la musique poursuit son travail du texte, de ses rythmes, de ses accents. A l'image de Queneau, Cotinaud arrive à une oralité fraîche, improvisée, surgie pourtant d'une écriture complexe et raffinée. Comme le maître, l'élève possède un humour et une légèreté de ton qui n'empêchent pas les choses sérieuses d'arriver. Combinatoire, exercices de styles, contraintes... Queneau est un véritable générateur de méthodes de créations amusantes, et Maître Cotinaud a su y piger en mélangeant les styles : du jazz, de la musique contemporaine, baroque, des chants très variés, du parlé au jazz vocal et parfois, une touche médiévale; sans oublier certaines percées bruitistes intégrées de façon finalement assez polie - ce qui fait que ce disque est accessible à toutes les oreilles. Si on veut des références, pensons à certaines musiques de Jean Derome (Musiques pour Ubu, La Bête) avec lesquelles Cotinaud partage la finesse des arrangements comme le goût des grattements et des décrochages. A un certain moment, le calme initial disparaît ou se fait plus audacieux pour la suite Text'Up, écrite parole et musique par Cotinaud : un point fort de l'album. Car bien que Queneau soit son prétexte, d'autres auteurs sont sollicités. Le groupe est superbe. Les mots sont beaux. Le chef est content. Note: le cd n'est pas très bien distribué au Québec (il s'agit d'une production indépendante). Pour le trouver : www.jazzbank.com.
Eric Normand
LA REPUBLIQUE DU CENTRE
Lundi 9 décembre 2002
Marie-Noëlle Froger
JOURNAL
DE HAUTE-MARNE
Queneau relu par Cotinaud
Lundi 27 mai 2003
G.M.
Médiathèque Musicale
de Paris
(Bulletin des Bibliothèques de France)
Amateurs de jazz et de poésie, réjouissez-vous ! La rencontre est belle et pleine de surprises. François Cotinaud avait là pour projet de mettre en musique des poèmes de Raymond Queneau. Il s'agit là d'une véritable création musicale où mélodies et textes sont étroitement mêlés. Les musiciens prennent un "malin" plaisir à improviser. Pascale Labbé explore la voix. Elle chante, crie, rit, pleure. Toute une palette extraordinaire au service du texte. Tout ceci est vivant et plein d'émotion. Totalement jubilatoire ! Ecoute très appréciée.
Francesca Lecudennec
Centre Info Jazz de Champagne-Ardenne
INTERVIEW
J.D. - Le choix
des textes
de Queneau s’est il imposé de lui même: les textes sont venus nourrir
des idées de compositions en travail ou la lecture de Queneau a
déclenché
des envies de compositions ?
F.Cotinaud - J'ai choisi Queneau à cause d'une affinité, datant de
mon adolescence, avec la littérature insolite et l'absurde dans l'art.
Je
commence toujours par apprendre le texte par cœur jusqu'à ce que je
ressente
un espace sonore propre au texte. Puis je me demande qui dans
l'ensemble Text'Up
pourrait le mieux s'approprier cet espace, et comment y associer une
analogie musicale
et un cadre, qui mettent en valeur à la fois le texte et
l'improvisateur.
J.D. - Queneau prend un malin plaisir à jouer avec la syntaxe, à
se jouer des conventions et des schémas habituels. La voix et la
présence
de Pascale Labbé, outre son talent de musicienne, ne facilite-t-il pas
la
compréhension de votre travail? la voix ne joue-t-elle pas un travail
de médiation
entre le texte et la musique ?
FC - Oui, exactement, car la voix est à la charnière entre l'oralité
de la littérature, et le chant dans la musique. De plus, par le
truchement
de l'improvisation autour du texte original, on souligne le mouvement
inhérent
d'un texte comme si on faisait revivre les errances du poète avant
qu'il ne
fixe définitivement l'ordonnance des mots. L'improvisation
instrumentale,
s'il n'y avait la photo de l'enregistrement, se refuse à toute fixation
:
aujourd'hui je le dirais comme ceci, demain comme cela. Parce que nous
ne ressentons
jamais les mêmes choses de la même manière. Dans "mille milliards
de poèmes", Queneau laisse au lecteur la possibilité d'ordonner
les strophes à sa guise, tout en conservant une tonalité générale
choisie par l'auteur.
J.D. - Dans votre parcours de musicien, quel a été le rôle
du collectif Alka?
FC - Un ancrage régional qu'il est plus difficile d'obtenir en
Ile-de-France
qu'en Champagne-Ardenne, compte tenu de la densité des évènements
culturels en région parisienne. Nous nous organisons de manière à
produire et diffuser nos projets, mais aussi accueillir d'autres
artistes et créer
des réseaux de diffusion et d'échange : les "Improvisables"
à Saint-André-les-Vergers, nous participons à Aube Musiques
Actuelles, et au réseau Densité93 (en Seine Saint-Denis). Les
institutions
et les collectivités locales se sont rendues compte de l'importance des
collectifs
d'artistes pour garantir et pérenniser une meilleure qualité des
propositions
artistiques.
J.D. - Le projet autour de Queneau semble bien fonctionner: un
disque, des
dates... Les projets à venir ?
FC - Le
CD "François Cotinaud fait son Raymond Queneau" est donc sorti en
octobre (distribué par Mélodie), et notre projet est bien accueilli
en France, et dans le réseau des Centres Culturels Français à
l'étranger. Dans le cadre du centenaire de la naissance de Queneau en
2003,
nous avons de nombreuses demandes de la part des médiathèques, qui
sont devenues de véritables lieux de représentation et répondent
parfaitement à notre désir de réunir texte et musique.
Dans l'avenir, l'ensemble Text'Up envisage de proposer à d'autres
compositeurs,
intéréssés par la relation entre l'écrit et l'oral, entre
la poésie et l'improvisation musicale, de nous écrire de nouveaux
répertoires.
Propos
recueillis par Jean
Delestrade
décembre 2002
Centre Info Jazz de Champagne-Ardenne
Gérard-Marie Henry, Président
Pierre Villeret, permanent
Pôle Musiques Actuelles de Champagne-Ardenne
84 rue du Docteur Lemoine 51100 Reims
tél Tél 03 26 06 73 17
mail : cij@macao.fr
http://www.macao.fr/
Interview
A.C. : Vous êtes saxophoniste,
et vous
avez traversé les mouvances du jazz les plus avant-gardistes. Qu'est-ce
qui
vous amène à présenter aujourd'hui un répertoire autour
de Raymond Queneau ?
- F.Cotinaud : L'improvisation, en direct avec le public, est
une situation
d'émotion pure, plus intense, il me semble, que lorsque tout est écrit
et prévu. Le free-jazz est une révolution de l'expression musicale,
au présent.
Or la poésie, et particulièrement celle de Queneau, porte en elle des
sursauts d'émotion et des ruptures de sens qui m'ont toujours
impressionné.
La combinaison de ces mots, et de l'interprétation qu'en donnent les
musiciens,
sert tout à la fois la poésie et l'expression improvisée de
la musique.
Queneau est l'un des écrivains majeurs du vingtième siècle,
qui a entre autres posé le problème du langage parlé par rapport
à l'écrit, qui a joué avec la syntaxe et avec les habitudes
formelles de la littérature. Il traite finalement de choses semblables
à
celles qui sont en jeu dans le rapport improvisation/écriture.
A.C. : La musique peut-elle étouffer le texte ? La poésie
n'a-t-elle
pas mieux sa place au théâtre ?
- F.C. : Il y a en effet une qualité de silence, propice à
l'écoute
d'un texte. Et c'est précisément cette qualité qui met en valeur
une improvisation musicale, riche en nuances, riche en couleurs, et non
pas mangée
par le bruit d'une orchestration trop chargée. Le travail de Pascale
Labbé
(vocaliste) et la qualité de sa voix, les miniatures, s'inscrivent dans
cette
trame de silence. Je milite contre la pollution sonore.
A.C. : Comment vous distancez-vous de la tradition du jazz, en
ce qui concerne
l'utilisation de la voix notamment ?
- F.C. : Les voix féminines dans le jazz sont presque toujours
sur
le registre de la séduction et du swing. Tandis que la voix, selon moi,
est
un instrument de musique, pas systématiquement au premier plan, et
vecteur
de mille sentiments tels que la rage, la joie, l'inquiétude, la
générosité,
la peur, la timidité, le délire, etc.
Et puis il y a la question du swing. Le swing tend à exprimer toujours
le
même état. Or, ce n'est qu'un aspect des choses, qu'un choix formel
parmi d'autres.
A.C. : Quel rôle avez-vous donné aux autres instruments de
l'ensemble
TEXT'UP ?
- F.C. : Une sorte de contre-emploi permanent. On attend de la
percussion
un rythme; ce sont les timbres qui m'intéressent. De la guitare, on
suppose
une harmonie; mais c'est la mélodie qui apparaît. Du coup, le trombone
et le saxophone (ou la clarinette) sont à nu, et tout est en
suspension, comme
accroché à la poésie.
Ils sont solistes tour à tour, comme peuvent l'être le texte et la
voix.
Tout est accompagnement, et tout est discours, simultanément.
Le groupe Texture, créé en 1975, explorait déjà les timbres
et les espaces. J'ajoute à l'ensemble Text'Up une nouvelle contrainte :
le
texte et ses implications émotionnelles et formelles.
Propos recueillis par Arnaud
C.Cinoistof