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JAZZOSPHERE
"Rimbaud fait son Jazz". Interview de François Cotinaud dans Jazzosphère (novembre 2006)
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JAZZBREAK.com
"Je est un autre, faut-il le rappeler ? Après Queneau, François Cotinaud se penche sur l'œuvre magistrale du plus grand des poètes maudits : Arthur Rimbaud.
Rimbaud et m.a.o. (musique assistée par ordinateur) met en scène le duo François Cotinaud (saxophone-clarinette-voix) / Pierre Charpy (dispositif electroacoustique-percussions-voix). François Cotinaud et Pierre Charpy, à tour de rôle, ont la lourde charge d’habiter le texte de Rimbaud (le bateau ivre, une saison en enfer, les illuminations...). La lecture monocorde des deux récitants ennuie parfois, et si l’auditeur y gagne en compréhension (mentionnons au passage les innovants paysages sonores de Pierre Charpy), la belle improvisation des deux musiciens passe parfois au second plan. En fin de disque, comme une révolte enfouie, Rimbaud et m.a.o. s'équilibrent et dansent ensemble l'âcre besoin. Le pari est alors presque gagné.
Il le sera totalement avec la Parade Sauvage de l'Ensemble Text'Up. Libéré par la voix de Pascale Labbé, Rimbaud se perd en des sons et des sens inouïs. Rien de spectaculaire mais la vérité crue et désagréable du poète. Le phrasé de la chanteuse est fou, irrésistible, audacieux. Irraisonné est son cri. Il dit la cruauté des mots du poète, il les dissèque, les concasse. En un mot, il nous impressionne de ses syllabes intranquilles. Glaçant le sang, l'Ensemble Text'Up, tour à tour inquiétant puis rassurant se fond en combinaisons surréelles (bruissements d'eau, saturations électriques) et en mélodies apaisées et conciliantes. Ici, la réussite est totale.
Faisant lien, éclaircissant les desseins de François Cotinaud (saxophoniste ici très inspiré), montrant les musiciens au travail, en studio ou en concert, le DVD de Mathilde Morières (Illuminations Sonores) n'est en aucun cas un bonus de luxe mais la troisième et indispensable pièce d'une aventure singulière portée à bout de bras par des musiciens ici, totalement impliqués et déterminés.
Une réussite totale."
Luc Bouquet (17 mars 2007)

JAZZOSPHERE
Critique du coffret "Rimbaud et son double" dans Jazzosphère (novembre 2006) lire le document pdf


Impro Jazz

françois cotinaud
Rimbaud et son double
Musivi  mjb 0121-13-14 (2cd + 1dvd)
Dist. Les Allumés du jazz
François Cotinaud, Pascale Labbé, Pierre Charpy, Mathilde Morières, Olivier Guichard, François Choiselet, Jerôme Lefebvre, Sylvain Lemêtre


François Cotinaud a mis en place deux approches du texte de Rimbaud. Avec une simplicité et une sûreté admirables, sa diction comme celle de Pierre Charpy ne cherche pas naïvement la musicalité du texte dans l’agencement des phonèmes. Ils disent Rimbaud en acceptant ce que ses mots portent de sens et d’impossibilités et en donnent un équivalent musical et bruité qui ne traduit rien mais transcrit quelque chose qui, sonorement, se fait en eux et dans le studio, à la mesure du texte..

Lorsque le groupe de jazz Text’up met d’autres textes de Rimbaud en musique, c’est une démarche tout à fait différente qui pousse Pascale Labbé à plier au langage une voix qui inclue des chants possibles. Là encore il n’est pas question d’adapter une prothèse mélodique sur le texte, mais de faire s’enlacer des textes et une voix. Inutile de dire qu’on saute les noces pour entrer de suite dans les scènes de la vie conjugale, les tracés compliqués des rapports du chant et du texte.

Aucun des deux projets ne met en avant de psychologie, la musique ne cherche pas à faire son bien des textes, les musiciens ne leur surimposent jamais de sens (propre ou commun), on ne tente pas de comprendre Rimbaud. Ces deux cds sont une leçon de lecture en même temps que de musique. Les textes écrits en sortent encore plus précieux et le personnage d’Arthur Rimbaud se trouve libéré d’une part de son mythe par le compagnonnage des musiciens.

Le coffret comprend également un livret qui reproduit tous les textes et un dvd rassemblant « Illuminations sonores » (52 mn), très intéressant documentaire de Mathilde Morières sur la conception et la réalisation des deux cds (entretiens et filmage du travail) et « Rimbaud et son double » (4 mn),  fabuleuse création vidéo (je pèse mes mots) d’Olivier Guichard à partir d’un montage d’extraits des deux cds.

Une rencontre exemplaire entre musiciens, poésie, musique et images.  

Noël Tachet




Journal de l'Association A. Sax ( http://asaxweb.free.fr/disques.html)

François Cotinaud : « Rimbaud et son double »


Un objet rare dans tous les sens du terme ! Un projet à la mesure de la démesure de la passion musicale que François Cotinaud voue à la poésie. Deux CD et un DVD pour approcher l’univers d’Arthur Rimbaud sous plusieurs angles.

Avec Pierre Charpy (Rimbaud et M.A.O.) c’est un parcours sonore continu, dans lequel le texte s’articule autour de couleurs et d’intentions choisies. Percussions hétéroclites et brutes côtoyant des sons transfigurés par les machines. Saxophones de velours ou stridences impatientes.

L’ensemble Text’up (Parade sauvage), lui, a multiplié les expériences d’improvisation à partir de lectures répétées, d’appropriations vocales de la langue rimbaldienne, pour poser progressivement l’atmosphère induite par chaque texte. Du cri doux au feulement paroxystique, la voix de Pascale Labbé est toujours aussi tétanisante.

Deux approches très différentes donc mais pour Cotinaud, leur dénominateur commun : « le musicien écoute la voluptueuse musique des mots, la symphonie des couleurs, le rythme et le silence, sous les mots. »

Pour clore le tout, sur le DVD un film de 80 minutes retrace de manière créative la genèse de ce projet. Également sur le DVD, un clip et un remix assez halluciné de la version électro-acoustique du projet.

Ce coffret est une édition limitée et numérotée à 1 000 exemplaires avec un livret de 40 pages.
Il est uniquement disponible sur le site de Jazzbank : http://www.jazzbank.com

W. S.

JAZZOSPHERE

François Cotinaud s'illustre depuis plusieurs années par son travail autour de la musique et de la littérature. Avec cet enregistrement, il rend hommage à quelques textes de Raymond Queneau. Le résultat est à la hauteur de la trajectoire indéfinie et informelle empruntée par le poète.
Pascale Labbé prête sa voix autour d'une lecture originale et personnelle des poèmes de Queneau. Tout ceci laisse une place de choix aux improvisations des musiciens qui trouvent - par son entremise - une route certes non balisée mais sans nul doute ébauchée pour esquisser un jeu non régulé et en pleine mouvance. Onomatopée, syllabes, bribes de mots, syntaxe déstructurée : autant d'éléments à mettre en lumière pour François Cotinaud au saxophone, Pascale Labbé au chant, François Choiselat au trombone, Jérôme Lefebvre à la guitare, Sylvain Lemêtre aux percussions avec la participation de Serge Adam. Un déchiffrage qui se joue des mots, de leur sens et qui défie les idées préconçues car ne dit-on pas "Quand B fit l’amour avec A / Les paragraphes s’embrasèrent / Les virgules s’avancèrent / Tendant leur cou par-dessus les ponts de fer / Et l’alphabet blessé za mort / S’évanouit dans les bras d’une interrogation muette" (R.Queneau)

Sabine Moig

ECOUTER VOIR

Oh la belle rencontre que voilà ! Point de départ du projet du compositeur et saxophoniste François Cotinaud, mettre en musique des poèmes de Raymond Queneau, écrivain français majeur du XXème siècle, membre du Collège de Pataphysique, fondateur de l'Oulipo, mais aussi ses propres écrits ainsi que quelques textes de deux poètes champenois, André Velter et Dominique Pagnier. A l'arrivée, il s'agit plutôt d'une véritable création musicale où mélodies et textes sont étroitement mêlés. Comme les musiques, composées à partir d'improvisations, les mots sont délivrés du carcan du sens. Pour mieux en extirper toute la matière, le texte est complètement dynamité, comme dans Text'up, Epouvantails, et surtout Ydol Nabdous, dans lequel seul survit une suite "d'anagrammes et autres permutations sonores et ordonnées", proche des expérimentations de poètes lettristes tels Maurice Lemaître et Isidore Isou. Quelquefois, la mélodie devient plus évidente et se transforme en chanson désarticulée, tel ce jubilatoire Art Popo, dans lequel Pascale Labbé s'en donne à cœur voix.

Gérard Nicollet

MOUTON NOIR (Québec)

François Cotinaud travaille depuis 1996 à mettre en musique des textes de Raymond Queneau. Mais ils font déjà de la musique ! que j'me dis. M.Cotinaud a compris qu'il ne fallait pas usurper cette musique là, lui en coller une autre toute artificielle. Il aura préféré faire interagir des musiciens versatiles avec les mélodies de l'oralité heureuse et mathématique du fondateur de l'Oulipo. A partir de petits textes bien glanés dans des moments forts de la carrière de Queneau, Cotinaud fait de longues pièces sans s'égarer. la musique poursuit son travail du texte, de ses rythmes, de ses accents. A l'image de Queneau, Cotinaud arrive à une oralité fraîche, improvisée, surgie pourtant d'une écriture complexe et raffinée. Comme le maître, l'élève possède un humour et une légèreté de ton qui n'empêchent pas les choses sérieuses d'arriver. Combinatoire, exercices de styles, contraintes... Queneau est un véritable générateur de méthodes de créations amusantes, et Maître Cotinaud a su y piger en mélangeant les styles : du jazz, de la musique contemporaine, baroque, des chants très variés, du parlé au jazz vocal et parfois, une touche médiévale; sans oublier certaines percées bruitistes intégrées de façon finalement assez polie - ce qui fait que ce disque est accessible à toutes les oreilles. Si on veut des références, pensons à certaines musiques de Jean Derome (Musiques pour Ubu, La Bête) avec lesquelles Cotinaud partage la finesse des arrangements comme le goût des grattements et des décrochages. A un certain moment, le calme initial disparaît ou se fait plus audacieux pour la suite Text'Up, écrite parole et musique par Cotinaud : un point fort de l'album. Car bien que Queneau soit son prétexte, d'autres auteurs sont sollicités. Le groupe est superbe. Les mots sont beaux. Le chef est content. Note: le cd n'est pas très bien distribué au Québec (il s'agit d'une production indépendante). Pour le trouver : www.jazzbank.com.

Eric Normand

LA REPUBLIQUE DU CENTRE 
Le Pays de Queneau mis en musique

La représentation qui s'est tenue, samedi soir, au Moulin de la Vapeur à Olivet, a entraîné le public présent dans une remarquable création musicale "François Cotinaud fait son Raymond Queneau".

La science des timbres, de la construction, du style a offert un savoureux mélange de sons, de poésie, d'humour donnant un aspect surréaliste assez inattendu. L'équipe des cinq musiciens, débordante d'énergie, de talent et de bonheur de jouer comprenait la voix exceptionnelle de Pascale Labbé, chanteuse. Cette dernière a transpercé le spectateur de son chant profond, fait de rires, de cris, de râles et de plaintes.
Artère du groupe, le saxophoniste et compositeur, François Cotinaud, a pris un réel plaisir à jouer avec le texte et la musique. Jérôme Lefebvre, François Choiselat et Sylvain Lemêtre, musiciens (guitare, trombone, percussions) de talent, ont partagé la même aventure et se sont laissé entraîner avec brio dans le monde magique de l'absurde des mots, des phrases et des rimes.
Queneau, écrivain majeur du siècle dernier, n'aurait peut-être pas rêvé meilleure interprétation de ses textes.


Lundi 9 décembre 2002

Marie-Noëlle Froger


JOURNAL DE HAUTE-MARNE
Queneau relu par Cotinaud

L'auditorium de l'école de musique Jean-Wiener était quasiment plein. Et les spectateurs n'ont pas été déçus : la représentation enchanteresse n'a eu l'air de durer que quelques minutes, tant elle était rythmée et enlevée. De son saxophone, François Cotinaud tire des notes qui pour discordantes, n'en touchent pas moins le cœur des auditeurs.
L'orfèvre des mots et le musicien éclairé s'entendent par delà le temps pour livrer un travail commun qui tient de la poésie autant que de la musique. A l'écoute, on se dit que nulle autre manière de jouer de ces instruments et de ces mots ne peut servir les textes magnifiques ciselés par Queneau. Ses mots tintent comme des notes de musique. Il n'y avait plus qu'à les porter sur les partitions.


Lundi 27 mai 2003
G.M.


Médiathèque Musicale de Paris
(Bulletin des Bibliothèques de France)

Amateurs de jazz et de poésie, réjouissez-vous ! La rencontre est belle et pleine de surprises. François Cotinaud avait là pour projet de mettre en musique des poèmes de Raymond Queneau. Il s'agit là d'une véritable création musicale où mélodies et textes sont étroitement mêlés. Les musiciens prennent un "malin" plaisir à improviser. Pascale Labbé explore la voix. Elle chante, crie, rit, pleure. Toute une palette extraordinaire au service du texte. Tout ceci est vivant et plein d'émotion. Totalement jubilatoire ! Ecoute très appréciée.

Francesca Lecudennec


Centre Info Jazz de Champagne-Ardenne
INTERVIEW

J.D. - Le choix des textes de Queneau s’est il imposé de lui même: les textes sont venus nourrir des idées de compositions en travail ou la lecture de Queneau a déclenché des envies de compositions ?

F.Cotinaud - J'ai choisi Queneau à cause d'une affinité, datant de mon adolescence, avec la littérature insolite et l'absurde dans l'art. Je commence toujours par apprendre le texte par cœur jusqu'à ce que je ressente un espace sonore propre au texte. Puis je me demande qui dans l'ensemble Text'Up pourrait le mieux s'approprier cet espace, et comment y associer une analogie musicale et un cadre, qui mettent en valeur à la fois le texte et l'improvisateur.

J.D. - Queneau prend un malin plaisir à jouer avec la syntaxe, à se jouer des conventions et des schémas habituels. La voix et la présence de Pascale Labbé, outre son talent de musicienne, ne facilite-t-il pas la compréhension de votre travail? la voix ne joue-t-elle pas un travail de médiation entre le texte et la musique ?

FC - Oui, exactement, car la voix est à la charnière entre l'oralité de la littérature, et le chant dans la musique. De plus, par le truchement de l'improvisation autour du texte original, on souligne le mouvement inhérent d'un texte comme si on faisait revivre les errances du poète avant qu'il ne fixe définitivement l'ordonnance des mots. L'improvisation instrumentale, s'il n'y avait la photo de l'enregistrement, se refuse à toute fixation : aujourd'hui je le dirais comme ceci, demain comme cela. Parce que nous ne ressentons jamais les mêmes choses de la même manière. Dans "mille milliards de poèmes", Queneau laisse au lecteur la possibilité d'ordonner les strophes à sa guise, tout en conservant une tonalité générale choisie par l'auteur.

J.D. - Dans votre parcours de musicien, quel a été le rôle du collectif Alka?

FC - Un ancrage régional qu'il est plus difficile d'obtenir en Ile-de-France qu'en Champagne-Ardenne, compte tenu de la densité des évènements culturels en région parisienne. Nous nous organisons de manière à produire et diffuser nos projets, mais aussi accueillir d'autres artistes et créer des réseaux de diffusion et d'échange : les "Improvisables" à Saint-André-les-Vergers, nous participons à Aube Musiques Actuelles, et au réseau Densité93 (en Seine Saint-Denis). Les institutions et les collectivités locales se sont rendues compte de l'importance des collectifs d'artistes pour garantir et pérenniser une meilleure qualité des propositions artistiques.

J.D. - Le projet autour de Queneau semble bien fonctionner: un disque, des dates... Les projets à venir ?

FC - Le CD "François Cotinaud fait son Raymond Queneau" est donc sorti en octobre (distribué par Mélodie), et notre projet est bien accueilli en France, et dans le réseau des Centres Culturels Français à l'étranger. Dans le cadre du centenaire de la naissance de Queneau en 2003, nous avons de nombreuses demandes de la part des médiathèques, qui sont devenues de véritables lieux de représentation et répondent parfaitement à notre désir de réunir texte et musique.
Dans l'avenir, l'ensemble Text'Up envisage de proposer à d'autres compositeurs, intéréssés par la relation entre l'écrit et l'oral, entre la poésie et l'improvisation musicale, de nous écrire de nouveaux répertoires.

Propos recueillis par Jean Delestrade
décembre 2002
Centre Info Jazz de Champagne-Ardenne
Gérard-Marie Henry, Président
Pierre Villeret, permanent
Pôle Musiques Actuelles de Champagne-Ardenne
84 rue du Docteur Lemoine 51100 Reims
tél Tél 03 26 06 73 17
mail : cij@macao.fr

http://www.macao.fr/




Interview

A.C. : Vous êtes saxophoniste, et vous avez traversé les mouvances du jazz les plus avant-gardistes. Qu'est-ce qui vous amène à présenter aujourd'hui un répertoire autour de Raymond Queneau ?
- F.Cotinaud : L'improvisation, en direct avec le public, est une situation d'émotion pure, plus intense, il me semble, que lorsque tout est écrit et prévu. Le free-jazz est une révolution de l'expression musicale, au présent.
Or la poésie, et particulièrement celle de Queneau, porte en elle des sursauts d'émotion et des ruptures de sens qui m'ont toujours impressionné. La combinaison de ces mots, et de l'interprétation qu'en donnent les musiciens, sert tout à la fois la poésie et l'expression improvisée de la musique.
Queneau est l'un des écrivains majeurs du vingtième siècle, qui a entre autres posé le problème du langage parlé par rapport à l'écrit, qui a joué avec la syntaxe et avec les habitudes formelles de la littérature. Il traite finalement de choses semblables à celles qui sont en jeu dans le rapport improvisation/écriture.

A.C. : La musique peut-elle étouffer le texte ? La poésie n'a-t-elle pas mieux sa place au théâtre ?
- F.C. : Il y a en effet une qualité de silence, propice à l'écoute d'un texte. Et c'est précisément cette qualité qui met en valeur une improvisation musicale, riche en nuances, riche en couleurs, et non pas mangée par le bruit d'une orchestration trop chargée. Le travail de Pascale Labbé (vocaliste) et la qualité de sa voix, les miniatures, s'inscrivent dans cette trame de silence. Je milite contre la pollution sonore.

A.C. : Comment vous distancez-vous de la tradition du jazz, en ce qui concerne l'utilisation de la voix notamment ?
- F.C. : Les voix féminines dans le jazz sont presque toujours sur le registre de la séduction et du swing. Tandis que la voix, selon moi, est un instrument de musique, pas systématiquement au premier plan, et vecteur de mille sentiments tels que la rage, la joie, l'inquiétude, la générosité, la peur, la timidité, le délire, etc.
Et puis il y a la question du swing. Le swing tend à exprimer toujours le même état. Or, ce n'est qu'un aspect des choses, qu'un choix formel parmi d'autres.

A.C. : Quel rôle avez-vous donné aux autres instruments de l'ensemble TEXT'UP ?
- F.C. : Une sorte de contre-emploi permanent. On attend de la percussion un rythme; ce sont les timbres qui m'intéressent. De la guitare, on suppose une harmonie; mais c'est la mélodie qui apparaît. Du coup, le trombone et le saxophone (ou la clarinette) sont à nu, et tout est en suspension, comme accroché à la poésie.
Ils sont solistes tour à tour, comme peuvent l'être le texte et la voix. Tout est accompagnement, et tout est discours, simultanément.
Le groupe Texture, créé en 1975, explorait déjà les timbres et les espaces. J'ajoute à l'ensemble Text'Up une nouvelle contrainte : le texte et ses implications émotionnelles et formelles.

Propos recueillis par Arnaud C.Cinoistof